OPINION

Comment les Médias peuvent-ils aider à gagner la bataille du terrorisme.

Face au terrorisme, il n’y a pas de journal de l’opposition ou du pouvoir

Je pense que l’environnement international a changé plus radicalement qu’à n’importe qu’elle autre période de l’histoire récente ; et ce changement fondamental fait partie de ce qu’on désigné sous le terme générique de globalisation.Les nouveaux médias et ceux traditionnels agissent aujourd’hui en communication immédiate, comme un accélérateur d’opinion.Cette évolution mondiale permet à chacun de comparer sa condition avec celle des autres hommes aux quatre coins du monde et de cibler les opportunités L’impact sur le radicalisme et le terrorisme est de taille. C’est pourquoi, je me suis rendu au Tchad avec une trentaine de journalistes africains et européens, à l’invitation du Président Tchadien Idriss Deby Itno. Nous voulions nous confronter à la réalité de Boko Haram.

La montée du terrorisme sous toutes ses formes a contribué à détériorer le climat de sécurité dans la zone sahélo sahélien. Entre le Tchad, le Cameroun, le Mali et le Niger, les médias sont constamment sur le théâtre des opérations parce que les autorités ont compris que la lutte contre Boko Haram doit intégrer la communication.

Dans cette guerre contre le terrorisme, la communication est très importante et , les terroristes eux-mêmes l’ont compris. Quand Boko Haram avait commencé à sévir à Ngouboua , les Tchadiens et Camerounais pensaient qu’il s’agissait d’un problème typiquement nigérian. C’est lorsqu’ils ont touché l’extrême nord Cameroun et coupé le corridor de ravitaillement économique du Tchad, l’axe N’ Djamena, Kousseri, Maidiguru dans la zone de Fotokol et Gambaru que les Tchadiens se sont sentis obligés d’entrer en guerre contre la secte islamique.

Malheureusement, lors des premières attaques de Boko Haram, les journalistes Camerounais avaient commencé à développer une théorie du complot complètement décalée de la réalité. Cette thèse voulait que Boko Haram fût l’émanation d’une certaine élite nordiste assoiffée de pouvoir. C’était là une erreur d’appréciation très grave car, la réalité a très vite rattrapé chacun.

Le Tchad est entré en guerre au Mali juste après le lancement de l’opération Serval des troupes françaises. C’était le 11 juillet 2013 dans la ville de Konna prise entre les mains des groupes islamistes armés ( Aqmi, Ansar Dine et Mujao). Les troupes Tchadiennes étaient les premières, avec la France à arriver au niveau de GAO avant de remonter par la route jusqu’à KIDAL. J’ai eu la chance de passer un peu de temps avec ces soldats.

Pendant cette période, le gouvernement Tchadien avait mobilisé les journalistes dès les premières heures, les avait conduits sur le terrain et mis à leur disposition les moyens conséquents. Les journalistes ont gravi les collines et sont passés à des endroits où aucune force armée n’est passé depuis l’indépendance du Mali. Ce sont des zones de trafiquants et de rébellion,  en fait, des zones de non-droit.

Dans cette vallée où le Tchad a perdu une vingtaine de soldats, les journalistes et les soldats ont franchi les dunes de sable , les oasis et les montagnes. En dix jours, ils ont franchi une distance de 30 km . C’est lors de ces combats dans le nord Mali que le chef Al-Qaïda, Abou Zaid a été tué par l’armée tchadienne.

Les journalistes ont ensuite créé un collectif de soutien aux forces armées Tchadiennes en intervention au Mali qui était en quelque sorte une façon de faire du journalisme militant. L’idée était qu’il ne faut pas seulement couvrir la guerre mais aussi être participant et engagé. Ces journalistes ont été des relais d’informations entre les soldats au front et leur famille. Ils ont mobilisé les fonds pour venir en aide aux soldats blessés et, cela a entraîné une cohésion nationale. Ce sont les journalistes qui ont ainsi impulsé la dynamique nationale au Tchad.

Au Cameroun, les journalistes ont joué un rôle à la fois de communicateur mais aussi de citoyen. D’abord en tant que citoyen, iOS se sont engagés pour mener une campagne de sensibilisation en créant un Collectif Uni pour le Cameroun. Ce collectif a réussi à organiser la plus grande marche citoyenne du pays . Le message consistait à dire aux populations que Boko Haram attaque tout le monde- Il brûle les mosquées et les églises – Il ne faut pas se morfondre dans les problèmes de division, de  religion et de politique. A travers tout le Cameroun, les journalistes ont organisé une campagne pour distribuer le numéro de téléphone vert utile pour les alertes.

Ensuite, en tant que.m journalistes, le Collectif Pour le Cameroun met à la disposition des confrères, à travers sa page Facebook, toutes les informations concernant le terrorisme.

Cette initiative s’avère nécessaire notamment pour les médias qui ne sont pas en rapport avec les faits puisque les terroristes sévissent aussi bien en zone urbaine que rurale.

Editorial de Brice NDONG, Journaliste et Directeur de Publication du Journal CI.

Publié dans le Journal CI N° 66 du 25 Novembre 2015. A télécharger en ligne : https://www.e-kiosque-sodipresse.com/fr/a-la-carte/mensuelle/cooperation-internationale/cooperation-international-20-11-2015.html